Innovations technologiques : Qu’en pensent les médecins ?

Face aux nouvelles technologies, INNOV’inMAG interroge des médecins pour mieux comprendre comment ces derniers perçoivent les divers innovations qui surviennent.

Le progrès technique est-il toujours une chance ? C’est une vieille question philosophique à laquelle les médecins essaient toujours de répondre aujourd’hui. Face à l’accroissement des innovations technologiques qui bouleversent aujourd’hui l’usage de la médecine, comment les praticiens apprivoisent les avancées technologiques et quel regard portent-ils sur ces dernières ? Objets connectés, télémédecine, nouvelles techniques d’imagerie médicale, les avancées technologiques ne cessent de s’accroître dans l’univers médical. Mais si les médecins saluent certaines avancées, comme la fiabilité croissante du diagnostic ou les nouveaux médicaments, ils redoutent aussi un certain nombre d’écueils auxquels les nouvelles technologies peuvent nous confronter. En particulier celles de la sécurisation des donnée ou de la perte du contact humain avec le patient.

L’une des principales avancées qui animent la médecine d’aujourd’hui est la télémédecine. Dans le Loiret, les premiers cabinets de téléconsultations viennent tout juste d’ouvrir, et c’est le Dr Peigné, médecin généraliste et  président de la plateforme territoriale d’appuie Centre-Val de Loire, qui « essuie les plâtres » comme il dit. Ces cabinets, permettent à un médecin de faire des téléconsultations à l’aide d’appareils de visioconférence et d’objets connectés. Cependant, si ce médecin chevronné estime que ces cabinets permettent de « résoudre des problèmes de démographie » dans ce désert médical, il estime que la téléconsultation « ne peut pas remplacer la médecine de famille classique ».

« Moi je n’ai pas appris la médecine comme ça, on me disait : tu as des yeux, des mains et un cerveau. Aujourd’hui je n’ai pas de mains. Et l’examen ne peut donc pas être complet », explique-t-il. Dans ces cabinets, les patients sont accompagnés par un infirmier qui répond aux injonctions du médecin. « Je ne peux donc voir que ce que je demande à voir, comment savoir si mon patient est triste ? » Poursuit-il, avant de conclure que rien « ne peut remplacer l’entretient entre 4 yeux et l’intimité qui en découle ».

D’autres médecins mettent en avant les risques liés à la sécurisation des données de santé. « Aujourd’hui les objets connectés  ça va dans tous les sens et j’ai peur d’un effet boomerang » dit le Dr jacques Morali, Conseiller national de l’ordre des médecins. L’effet boomerang, pour lui, c’est une dispersion des données de santé et notamment dans les bases de données des GAFA. « Bientôt l’Apple Watch donnera le niveau de glycémie des utilisateurs. Imaginez que demain des compagnies d’assurance ou des banques puissent avoir accès à ces données et savoir vos risques de devenir obèses ou diabétiques », alarme-t-il.

Parallèlement, Jacques Morali évoque aussi toutes les innovations qui permettent de sauver des vies. Grâce notamment à la rapidité et la finesse du diagnostic lié au progrès. « Le patient sous coagulant peut avoir des variations très rapide, ce qui peut avoir des conséquences graves, désormais, nous avons les résultats très rapidement pour modifier le traitement » , et même constat pour les évolutions liés au dépistage, ou l’IRM. « Mais aujourd’hui on manque de moyen humain pour faire tout ça », tempête-il.

Malgré ces divers doutes, les chiffres attestent que les médecins, à l’image des Français, sont favorable au développement de la e-santé, conscient de tous les développements possibles. Lors de la dernière grande étude du CNOM, près de 70% des médecins indiquent la nécessité d’intégrer le numérique dans l’organisation des soins sur les territoires.