E-santé en Afrique : L’espoir du numérique

Face aux défis sanitaires auxquels sont confrontés beaucoup de pays africains, l’ingéniosité des start-up africaines permet de sauver des vies grâce aux outils numériques qu’elles développent.

L'Afrique est en train de vivre sa grande révolution numérique. Le taux d'équipement en téléphone portable est désormais de 100% et le nombre de Smartphones ne cesse d'augmenter (350 millions d'appareils à ce jour), un chiffre qui devrait doubler d'ici 2020. Des chiffres qui laissent entrevoir une réelle chance numérique pour améliorer le quotidien des Africains. Car la particularité Africaine réside dans l'usage qui est fait de ces nouvelles technologies. La volonté de la majorité des start-up africaines n'est pas de révolutionner les nouvelles technologies mais de résoudre des problèmes du quotidien dont doivent faire face beaucoup d'Africains, et particulièrement en santé. En effet, le retard économique du continent a bien évidemment des conséquences sur les infrastructures de santé, et beaucoup trop de pays peinent à dépasser les 50 ans d'espérance de vie. Nombre de ces applications concernent donc la santé, afin de faciliter l'accès aux soins, le suivi des patients ou l'accès aux médicaments dans les endroits les plus reculés.
 

La mortalité maternelle et infantile, fléau de l’Afrique Subsaharienne

C’est un des principaux maux qui touche l’Afrique et particulièrement la région Subsaharienne. Constat que pointe d’ailleurs la fondation Pierre-Fabre à l’origine de l’Observatoire de la e-santé en Afrique. « La santé mère enfant est l’un des domaines où il y a le plus de besoins », indique Béatrice Garrette au Monde, directrice générale de la fondation. Pour résoudre ces problèmes, de nombreuses applications développées par des start-up ont vu le jour. Dans « startup lions » Samir Abdelkrim, journaliste et entrepreneur spécialiste de la transformation numérique dans les pays du Sud, évoque certaines de ces applications. Il y parle notamment Gifted Mom, qui permet d’informer gratuitement les mères et femmes enceintes au Cameroun. La start-up répond aux questions des futures mères par SMS, et poursuit son travail d’accompagnement après la naissance en envoyant par exemple des alertes pour les vaccins des nouveau-nés. Une idée d’autant plus pratique quand ces femmes vivent dans des régions où l’accès aux infrastructures de santé est difficile.

Déserts médicaux et zones reculées

Au Mali on ne compte pas plus de 15 dermatologues pour 15 millions d’habitants, autre chiffre alarmant il n’y a en moyenne sur le continent qu’un médecin pour 5 000 habitants, soit 26 fois moins qu’en Espagne ou 40 fois moins qu’au Qatar comme l’explique le site Quartz (https://qz.com/520230/africa-has-about-one-doctor-for-every-5000-people/). Pour résoudre ces problèmes des start-up ont créé des services pour faciliter l’accès aux soins des Africains. Parmi elles, on peut citer Medtrucks, qui a développé des caravanes qui vont directement dans les déserts médicaux et dans les zones les plus reculées pour notamment faire des dialyses chez des individus pour qui aller dans un centre de soin relève du parcours du combattant, d’autant plus quand on est en insuffisance rénale. Puisque les déserts médicaux n’existent pas seulement qu’en Afrique, cette idée séduit déjà en France, et la start-up teste ces caravanes dans le sud de la France. Un exemple qui permet d’imaginer que dans un futur proche, le dynamisme et la créativité des entrepreneurs Africains pourra aider les services de santé des pays du Nord, comme en Europe, où les problèmes ne manquent pas.

Vers une innovation inversée ?

Surcharge des urgences, accès aux soins, informations des populations, les idées que développent les start-up africaines ne sont pas éloignées des problèmes auxquelles sont confrontés nos services de santé. Par exemple, le projet de télémédecine « Domoplaies » est expérimenté à la fois dans les zones rurales camerounaises et en Basse Normandie, une application qui permet d’envoyer une photo de sa plaie et de recevoir un avis et un conseil médical en direct. Des innovations qui peuvent donc trouver leur place sur le territoire Français, d’autant que celles ci répondent à des contraintes financières exigeantes ce qui ne pourra pas décourager les services hospitaliers confrontés à des problèmes budgétaires maintes fois dénoncées.