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L'INTEROPÉRABILITÉ DES DONNÉES DE SANTÉ : UN ENJEU MAJEUR QUI PEINE À SE RÉALISER

Depuis plus de 20 ans, on connaît la nécessité de rendre interopérables les données de santé. Pourtant, à la différence d'autres secteurs en France qui ont su se digitaliser et partager ses données, cet objectif semble plus difficile à être atteint dans la santé.

 

L'interopérabilité c'est faire en sorte que des systèmes d'informations puissent correctement dialoguer entre eux. Il s'agit par exemple de permettre à un ordinateur de pouvoir lire des données de santé d'un patient, ou une image médicale qui vient d'un autre service, ou d'un autre hôpital, qui n'a pas forcément les mêmes logiciels que lui. Pour y parvenir des entreprises proposent des solutions aux acteurs médicaux, et l'ASIP santé, une agence du ministère de la Santé, a défini un Cadre d'Interopérabilité pour favoriser l'harmonisation technique des différents acteurs du système de santé. Si des avancées majeures existent, comme la création du dossier médical partagé, l'interopérabilité n'est toujours pas une réalité en 2018, en raison notamment d'un éclatement du marché, de la sensibilité des données de santé ou encore d'un manque de compétences au sein des hôpitaux.

 

Il est difficile de comprendre la lente mise en place de l'interopérabilité sans parler de la complexité du marché de la santé. Des hôpitaux publics, des cliniques privées, des médecins libéraux, ou encore les laboratoires et les pharmacies, chacun s'est développé de son côté et a fait face au défi de la numérisation avec ses propres règles. « Nous sommes dans un domaine très varié, et pas aussi organisé que le système bancaire par exemple, où pour eux, l'interopérabilité a été très simple à faire. Dans la santé, chacun s'est régulé de son côté », explique l'ASIP santé.

Une atomicité du marché à laquelle vient s'ajouter l'importante sensibilité des données de santé, qui doivent être sécurisées, imposant une forte régulation, et qui rend plus complexe sa numérisation et son partage. « De part les contraintes de sécurité, bien souvent les acteurs oublient de faire des outils qui sont pratiques et qui rentrent dans les usages des médecins et des secrétaires. Si vous devez cliquer douze fois pour faire la moindre action, on ne la fait pas », dit Franck le Ouay, cofondateur de Lifen, une société qui développe des messageries sécurisées pour les médecins. Et d'ajouter que « le fait que ce soit très régulé implique qu'il y aie moins d'innovations car moins d'entrepreneurs entrent dans ce marché et créent des choses. »

La mise en place de l'interopérabilité induit aussi des compétences à l'intérieur même des établissements. « Il faut des ingénieurs à l'intérieur des hôpitaux, ceux qui sont confrontés au quotidien à ces problématiques », explique Karima Bourchard, directrice de l'IHE Europe qui développe des standards, outils numériques qui servent de bases au partage de données.

« Le poste de responsable informatique d'un hôpital n'est pas le plus en vu, Il n'y a pas assez de prise de conscience de l'intérêt de la direction digitale d'un établissement et donc les recrutements ne sont pas d'un niveau suffisant », ajoute Franck le Ouay, de Lifen. « Ainsi l'hôpital se crée une dette technique », dit-il. Un manque d'ingénieurs qui s'explique aussi par les impératifs budgétaires auxquels sont confrontés les directeurs d'établissements. « S'il a un euro à dépenser il va préférer prendre une infirmière car il en a certainement besoin », tempère-t-il.

Des difficultés qui ne doivent pas faire oublier les avancées qui ont été faites ces dernières années sur ce sujet. C'est par exemple en France que les standards utilisés aujourd'hui internationalement ont été et sont développés. « Il existe aujourd'hui une panoplie de tests qui sont opérationnels qui permettent de vérifier si les systèmes peuvent bien communiquer entre eux », explique Karima Bourchard de l'IHE. Développé en France certes, mais « très peu utilisés ici» regrette-t-elle.

Un développement des standards qui trouve son application principale dans le dossier médical partagé. Il permet à tous les professionnels de santé d'avoir accès aux données de santé d'un patient en ligne, et qui sera généralisé d'ici à la fin 2018. Ou encore la Messagerie Sécurisée de Santé, que d'aucuns considèrent comme une très belle avancée. Des réussites qui peuvent laisser penser que le système de santé français saura se rendre prochainement interopérable avant d'être confronté au prochain grand défi, celui de l'interopérabilité à l'échelle Européenne.

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